GT environnement du CSF Infrastructures Numériques

L’AFNUM est heureuse de vous partager le livrable d’écoconception des équipements réseaux.

Réalisé conjointement avec Infranum et Sycabel, il s’inscrit dans le cadre de la deuxième saison du contrat de filière du Comité Stratégique de Filière « Infrastructure numérique » qui a pour objectif de construire des territoires connectés et durables.

L’écoconception des équipements réseaux

La transformation numérique de nos sociétés s’accompagne d’une croissance soutenue de la demande en infrastructures de connectivité. Cette évolution, bien qu’indispensable à la transition économique et sociale, engendre des impacts environnementaux significatifs : consommation d’énergie, extraction de matières premières, émission de GES, production de déchets électroniques et tensions sur les ressources en eau.

Dans ce contexte, l’écoconception s’impose comme une réponse stratégique et systémique pour réduire l’empreinte environnementale des équipements réseaux, tout en anticipant les futures exigences réglementaires, économiques et industrielles. Elle consiste à intégrer des critères environnementaux dès la phase de conception d’un produit, en tenant compte de l’ensemble de son cycle de vie.

De nombreux fabricants se sont déjà engagés dans des démarches concrètes qui montrent que les actions d’écoconception sont aussi un levier de performance industrielle, de compétitivité et d’optimisation économique. Pour autant, les démarches restent aujourd’hui fragmentées. Les référentiels techniques sont encore en cours d’harmonisation et les freins économiques, technologiques et concurrentiels pèsent sur la capacité des industriels à investir durablement dans cette transformation. L’un des défis majeurs tient à l’absence d’un cadre d’évaluation lisible, partagé et opérationnel.

L’ambition de ce document est de proposer une lecture claire, structurée et opérationnelle de ces enjeux, en identifiant les leviers d’écoconception mobilisables à chaque étape du cycle de vie, les freins persistants à leur déploiement et les conditions d’un passage à l’échelle, au service d’une filière plus durable, compétitive et résiliente.

Les axes d’écoconception

  • La conception

    La phase de conception est le cœur de toute démarche d’écoconception : c’est à ce stade que se prennent les décisions les plus structurantes, qui conditionneront jusqu’à 80 % des impacts environnementaux d’un produit sur l’ensemble de son cycle de vie. Choix des matériaux, design du produit, structure modulaire ou non, type d’emballage, architecture électronique, compatibilité logicielle ou encore stratégie de fin de vie : chaque paramètre joue un rôle dans la performance environnementale future de l’équipement.

    Dans le secteur des réseaux, les démarches d’écoconception se sont d’abord développées sous l’angle de l’optimisation technico-économique : miniaturisation, réduction des coûts logistiques, baisse de la consommation énergétique. Ces leviers sont aujourd’hui intégrés dans une logique plus large, incluant des critères de circularité, de recyclabilité, de traçabilité ou encore de sobriété des matériaux.

  • La fabrication

    La phase de fabrication constitue l’un des postes les plus déterminants de l’empreinte environnementale des équipements de réseaux. C’est notamment le cas pour les équipements passifs pour lesquels elle représente peut représenter environ 85 % de l’empreinte carbone totale d’un produit. En fonction des produits, cette phase de fabrication peut mobiliser de grandes quantités d’énergie, d’eau, de matières premières, et génère également des déchets et émissions indirectes en amont.

    Pour améliorer la durabilité de cette phase, les industriels s’engagent dans des stratégies combinant décarbonation énergétique, réduction des déchets, efficacité des ressources, et substitution des substances préoccupantes.

  • La distribution

    La phase de distribution, longtemps perçue comme un simple maillon logistique, représente en réalité un levier stratégique d’écoconception. Les émissions associées au transport, à l’emballage et au stockage peuvent être significatives, notamment lorsque la fabrication est délocalisée hors d’Europe. L’optimisation de cette étape passe par une combinaison de leviers techniques, organisationnels et territoriaux.

  • L’installation

    La phase d’installation constitue un levier important de réduction des impacts environnementaux dans le cycle de vie des infrastructures numériques. Elle ne se limite pas à la mise en service des équipements, mais englobe l’ensemble des opérations physiques associées à leur intégration dans l’environnement : construction, tranchées, raccordement, transport, adaptation des sites.

    Plusieurs leviers existent pour limiter les impacts, à condition d’agir sur l’aménagement du territoire, les méthodes de génie civil, ou encore la conception des produits.

  • L’utilisation

    La phase d’usage des équipements de réseaux représente la principale part de leur empreinte environnementale, et son impact dépend fortement du mix énergétique du pays ainsi que des choix des opérateurs en matière d’énergies renouvelables. À performance équivalente, un même équipement génère ainsi une empreinte carbone très différente s’il est utilisé dans un pays à électricité fortement carbonée, comme l’Inde, ou dans un pays à faible intensité carbone comme la France ou la Suède.

    Malgré ce poids relatif moindre dans l’analyse du cycle de vie, l’optimisation énergétique à l’usage reste un enjeu clé pour réduire les consommations globales, améliorer la compétitivité des opérateurs et faciliter l’accès au numérique dans les zones contraintes.

  • Améliorer la durée de vie

    Prolonger la durée de vie des équipements est l’un des leviers les plus directs pour réduire leur empreinte environnementale. Cela suppose d’intégrer, dès la conception, des critères de résilience – c’est-à-dire la capacité à fonctionner durablement dans des conditions d’usage parfois exigeantes – et d’adapter les choix de matériaux ou de composants au contexte réel d’exploitation : type de réseau, environnement climatique, niveau d’exposition, fréquence d’utilisation.

    Dans le domaine des câbles, cette approche est historique. La plupart des fibres optiques déployées dans les années 1990 sont encore en service aujourd’hui, avec des espérances de vie supérieures à 30 ans.

  • La fin de vie

    Le dernier levier essentiel de l’écoconception concerne l’optimisation de la fin de vie des équipements, avec un double objectif : minimiser les déchets générés et maximiser la réutilisation et le recyclage des matériaux. Cela contribue directement à l’augmentation du taux de circularité des produits, en fermant les boucles de matières dès la phase de production.

    En 2023, l’un des principaux fabricants d’équipements de réseau affiche un taux de circularité de 86 % dans sa production, résultat d’une amélioration continue des procédés industriels et d’une intégration accrue de matières recyclées dans la fabrication. D’autres industriels misent sur la dématérialisation pour réduire le volume de matériaux nécessaires, en développant des unités plus légères et plus compactes, générant ainsi moins de déchets dès l’origine.

Vous trouverez l’ensemble des enjeux liés à l’écoconception des équipements réseaux, axes, leviers, freins et recommandations en téléchargeant le document.